Le régénéré vit déjà dans son propre esprit

Publié le par estaran

 

 


Terre et Lune de Jacob Lorber

 


CHAPITRE 70

 

(De la recherche du Royaume de Dieu. Rome dit: Je suis la vraie voie qui y conduit ; et ainsi disent aussi les autres églises. Quelle est et où est la vraie voie du Royaume de Dieu : le CHRIST. Brèves indications et explications ! Le point central ou lumière centrale de toute vérité. Qui est et ce qu'est le Père, le Fils de Dieu ? Indications sur le mystère de la Trinité et de l'Incarnation. La caractéristique du régénéré. Dans la lumière du régénéré il n'existe plus aucun point obscur de la vie. Le régénéré vit déjà dans son propre esprit, et c'est pourquoi il ne connaît pas la mort. Les facultés du régénéré se manifestent seulement quand il le faut. Les hommes doué de la seconde vue ne sont donc pas encore des régénérés. Le vrai signe de la régénération. Obstacles qui s’opposent à la réalisation de la régénération. Seul un régénéré a des visions authentiques, et celles-ci sont aussi un signe caractéristique d'un tel état de perfection. )

 

- 20 avril 1847 -

 

Certes, ils sont nombreux ceux qui disent : La recherche du Royaume de Dieu serait une bonne et belle chose s'il était possible de trouver ce Royaume de quelque manière plus facile et plus efficace, et si l'on pouvait arriver sur une quelconque vraie voie qui y conduit, en la cherchant dans l'une quelconque des églises ou des communautés chrétiennes ; mais Rome dit ainsi : " Je suis la seule vraie voie"; et la même chose, l’affirme d’elle aussi, toute autre église. Mais si l'on s’achemine par l'une ou l'autre voie qui devrait conduire au Royaume de Dieu, on finit certainement par trouver une quelconque autre chose à l'exception du Royaume de Dieu promis, ou du moins on ne le trouve pas de la façon en laquelle IL doit se rendre évident à qui l'a vraiment trouvé.

Cependant J'ajoute : Qui parle ainsi n'a pour sûr pas vraiment tous les torts ; parce que si quelqu'un est occupé depuis trop longtemps à chercher une chose, pour si précieuse qu'elle soit, et qu'il ne peut en trouver trace, il finit par arriver avec le temps qu'il renonce aux recherches, et ainsi aussi à l'objet précieux. Mais à qui en est la faute ? A celui qui est en train de chercher et à aucun autre ; étant donné qu'il ne cherche pas le Royaume de Dieu où et comme il doit être cherché, et non en ce en quoi on peut le trouver.

Certes, Rome n'est absolument pas la voie qui y conduit, Londres et Berlin non plus, et en passant par St. Pétersbourg on n'y arrive pas davantage ; parce qu'il est écrit, Je crois, d'une manière assez claire, que le Royaume de Dieu ne vient pas à l'homme au milieu de manifestations pompeuses extérieures, mais bien qu'il se trouve intérieurement dans l'homme. Sa pierre fondamentale est le CHRIST, le Seul Dieu absolu et Seigneur du Ciel et de la Terre, dans le temps et dans l’éternité du temps et de l'espace.

C'est en Celui-ci que le cœur doit placer sa foi, et il doit L'aimer par-dessus tout, et aimer son prochain comme lui-même.

Lorsqu’un homme a rempli dans son propre cœur cette très simple condition, le Royaume de Dieu est bel et bien trouvé ; pour tout le reste il n'est absolument pas nécessaire que l'homme se donne plus de peine, car si jamais il a besoin de quelque chose, cela lui est accordé de surcroît.

Qui a besoin de savoir, il l'aura en n’importe quel temps et lieu qu’il puisse le lui falloir ; si quelqu'un a la nécessité de certaines aides matérielles afin de pouvoir vivre sa vie terrestre, elles lui seront accordées en temps voulu et dans la mesure convenable. Si en une circonstance particulière quelqu'un a besoin d'une force spéciale, il l’obtiendra sans autre quand la nécessité se fera plus urgente ; et si à quelqu'un il faut un conseil ou un réconfort, ceux-ci ne lui manqueront pas au moment du besoin.

Et si quelqu'un se trouvait dans des conditions telles qu'il lui faille employer une langue étrangère qu'il ne connaît pas, pour cela aussi la langue lui sera déliée ; et s'il veut être utile aux malades, il n'a besoin que de Mon Nom et de ses mains.

Mais il va de soi que de tels privilèges, personne - tant qu’il demeure dans la chair - ne peut les avoir à son absolue et continuelle disposition ; et fut-il même mille fois régénéré, il ne peut cependant disposer seulement de l'un ou de l'autre, que lorsque, effectivement, et tout à fait sérieusement, il en a besoin.

Parce que, à chacun il doit apparaître très clairement, que Je ne donnerai à personne Ma Grâce, pour ainsi dire, à des fins de divertissement ; car le régénéré dans l'esprit, même s'il avait déjà trouvé dix fois le Royaume de Dieu, doit comme n'importe quel autre s'adresser à MOI quand il veut obtenir quelque chose ; et Moi-Même durant le temps où JE demeurai dans la chair sur cette Terre, Je ne pouvais ni ne devais faire ce que Je voulais, mais bien ce que voulait Celui qui M'avait envoyé, Qui cependant était en Moi, comme Moi en Lui.

Il était l'Esprit de Dieu en tant que Père depuis l'éternité, mais Moi J’étais et Je suis Son âme, Laquelle possède bien sûr Sa propre Connaissance et Ses propres capacités en tant que l'âme la plus élevée et la plus parfaite d'entre toutes les âmes ; toutefois pas même cette âme ne pouvait faire ce qu'Elle voulait mais bien uniquement ce qui était voulu par Celui dont Elle provient.

Et ainsi advint-il que cette âme aurait voulu écarter d'elle l’ultime amer calice, cependant Celui qui était en Moi ne le voulait pas, et c'est pourquoi Mon âme aussi fit seulement ce qui était voulu par Celui Qui était en Moi.

Pour ces raisons vous ne devez pas non plus vous figurer un homme régénéré comme un metteur en scène permanent de miracles en toutes les choses, ni comme quelqu'un qui pour s'être acquis le Royaume de Dieu devrait apparaître avec le tête ou tout bonnement le ventre auréolé d'une quelconque soi-disant fausse auréole de sainteté à la façon de vos tableaux saints ; auréole qui n'a jamais existé en réalité.

Ainsi donc après la mort corporelle d'un régénéré, il ne faut attendre aucune manifestation prodigieuse du genre de celles vantées spécialement dans la légende catholique-romaine des saints ; donc, aucun sang de st. Janvier qui aille en ébullition au moins une fois l’an, aucune langue molle de st. Pierre, d'Antoine et de Népomucène, et moins encore un quelconque froc béatifiant de capucin, de franciscain, de minorite, de servite ou autres semblables, et absolument aucun vestige d'une incorruptibilité momifiante de la dépouille mortelle déposée. De tout cela il n'y a rien à pouvoir découvrir dans un régénéré ; et, en admettant que cela fût ainsi, quiconque est capable de raisonner, qu'il se demande à soi-même à quoi cela pourrait servir.

Quelle utilité pourrait en retirer l’esprit bienheureux d'un régénéré si même sur la Terre il était fait l'objet de telles prodigieuses distinctions, mais en même temps, sans signification aucune. En premier lieu cela ne lui servirait absolument pas, tandis que cela pourrait apporter un très grave dommage à ses frères encore vivants sur la Terre ! Donc, les Amis du Royaume de Dieu ne portent avec eux rien de tout cela, mais bien plutôt, comme dit plus haut, ils portent uniquement Ma Grâce qui se manifeste seulement lorsqu'ils en ont besoin.

Mais vous ne devez pas non plus vous figurer les régénérés ayant découvert Mon Royaume comme une espèce de chartreux ou de trappistes se considérant parfaitement morts pour tout ce qui est de ce monde, ne s'occupant de rien d'autre que de rosaires, de messes et de litanies, pratiquant de ridicules jeûnes et le mépris pour la femme, maudissant durement les pécheurs, et contemplant de temps en temps en guise de passe-temps leur tombe et leur cercueil.

Oh, tout cela n'est absolument pas un indice de régénération ; bien au contraire, cela est le grave signe d'une production de très épaisses ténèbres en eux ; car la lumière des régénérés ne connaît aucun côté obscur de la vie, et partout est au contraire en eux le vrai plein jour.

La tombe et le cercueil ne sont point les emblèmes d'un régénéré qui a trouvé le Royaume de Dieu, parce que là où il est, il n’y a ni tombes ni cercueils pour la raison qu'il n'y a pas de morts. Là au contraire il n'existe qu'une éternelle résurrection et une vie éternelle ; or pour celles-ci, les tombes et les cercueils ne servent certes à rien ; parce que le régénéré vit déjà continuellement dans son propre esprit, et il considère le détachement de son propre corps tout aussi peu comme une mort, que quelqu'un peut se considérer mort le soir lorsqu'il a déposé ses propres vêtements, ou mieux encore lorsqu'il s'est déchargé d'un poids considérable qui lui pesait sur les épaules, lorsqu'il est arrivé au but.

Pour ces motifs le régénéré ne sait plus ce qu'est la mort. Ceci est bien sûr un grandiose indice de la régénération, mais il se trouve seulement intérieurement dans l'homme et il n'est pas porté publiquement comme un pardessus selon la dernière mode de Paris ; ni ce signe imposant n'est mis en évidence comme un vêtement précieux, mais bien plutôt, comme déjà dit, un semblable signe n'est qu'intérieur.

Pareillement aussi les autres signes de la régénération sont exclusivement à rechercher à l'intérieur de l'homme, et ils se manifestent extérieurement, seulement quand il est nécessaire.

Qui a le don de prédiction, l'a seulement lorsqu'il le faut, et toujours à condition qu'il l'implore de Moi auparavant ; car en dehors de Moi personne ne peut vraiment faire de prédictions.

Si donc Je place dans le cœur et sur la bouche du régénéré des paroles, alors certes il prophétise, mais en n'importe quel autre cas il parlera comme un homme quelconque. Il arrive la même chose, comme déjà fait remarquer plus haut, aussi, en ce qui concerne les autres dons de Ma Grâce.

Mais de tout ce qui fut dit il résulte aussi que le Royaume de Dieu n'est pas si difficile à trouver ; et pareillement, arriver à la régénération n'est pas chose réellement si difficile comme il le semble à plus d'un ou du moins il pourrait le sembler ; cependant les individus doués de ce qu'on appelle la seconde vue ne sont pas à considérer comme des régénérés par le seul fait de leur seconde vue, qui n'est rien autre que la conséquence d'un état particulier de leur système nerveux, selon lequel l'âme réfléchit facilement par l'entremise de l'esprit nerveux dans l'organisme corporel les visions tirées de sa propre sphère animique, et ce pour la raison que justement ces nerfs facilement excitables n'opposent aucun obstacle à une telle action. Des nerfs qui sont forts ne sont certes pas aptes à cela, et c'est pourquoi aussi, les personnes pourvues de nerfs robustes ne possèdent que rarement, et même presque jamais, ce que l'on appelle la seconde vue.

Donc, la seconde vue, dans un homme qui la possède, n’est à considérer ni comme quelque chose de bon, ni comme quelque chose de mauvais ; il s'agit au contraire d'une espèce de maladie du corps que les hommes contractent surtout à la suite d'évènements adverses et de faits douloureux durant le cours de leur vie terrestre ; grande tristesse, angoisse persistante pendant de longues périodes, graves anxiétés, frayeurs et autres choses de ce genre sont ordinairement les causes de ces phénomènes ; cependant parfois il est aussi dû à des moyens artificiels comme le magnétisme, l'enivrement, et parfois aussi à l'étourdissement produit par l'usage de quelques herbes narcotiques. Bref, de semblables manifestations ne sont absolument pas à considérer comme des signes de régénération, ce qui peut se remarquer déjà par le fait que de semblables visionnaires peuvent certes décrire avec des paroles les images vues, à peu près comme elles se sont présentées à la vue de leur âme, cependant tous leurs récits n'ont, à aucun point de vue, un quelconque fondement sur lequel pouvoir se concentrer, et en outre de tels récits, aussi étranges qu'ils puissent sembler, manquent toujours de liaison, et se présentent au contraire épars et désordonnés comme les feuilles tombées des arbres dans un bois.

La raison de ce fait tient en cela : Comme en de tels individus, esprit et âme ne sont pas encore réunis, ainsi il n'y a pas non plus dans leurs visions de fondement, ni de lien constatable et compréhensible aux yeux de chacun ; tandis que de la bouche d'un régénéré, encore qu'au début pas bien, chaque représentation spirituels donne la preuve d'avoir une base juste et un lien parfait.

Ceci est donc aussi un indice de le vraie régénération spirituelle, et constitue une différence considérable entre le régénéré et le simple visionnaire ; c'est pourquoi aussi comme conséquence de la régénération il ne faut pas attendre peut-être de fades productions miraculeuses mais bien des fruits très naturels d'un esprit sain et d'une âme devenue seine aussi par son intermédiaire ; tout ce qui sort de ce cercle est du ressort de l'asile d'aliénés.

Le régénéré sait bien qu'avec les dons de l'Esprit Saint il n'est pas permis d'organiser des tours de passe-passe ; parce qu'il s'en sert seulement, et ordinairement en secret, lorsqu'il juge indispensable de le faire.

Mais qui aspire à la régénération pour acquérir des qualités miraculeuses, de quelque espèce qu'elles puissent être, dans un but d'exhibition, celui-là peut être certain qu'en ce monde une semblable grâce ne lui sera absolument pas accordée ; car cela signifierait littéralement jeter les plus nobles perles en pâture aux porcs.

Amour pour Moi, grande bonté de cœur et amour envers tous les hommes, ceci est dans son ensemble le vrai signe de la régénération ; mais où cela manque, et où l'humilité n'est pas encore assez forte pour résister à tout coup, là ne servent à rien ni les auréoles, ni les tuniques de frère, ni les visions d'esprits ; et de semblables individus sont même souvent plus éloignés du Royaume de Dieu, que d'autres d'aspect très mondain, parce que, comme déjà dit, le Royaume de Dieu ne se présente pas comme une exhibition de fastes extérieurs, mais se manifeste au contraire seulement intérieurement, dans le cœur de l'homme, dans un parfait silence et inaperçu de tous.

Cela, vous devez vous l'imprimer dans la pensée le plus profondément possible, et ainsi il vous sera donné de trouver le Royaume de Dieu avec beaucoup plus de facilité que vous ne pouvez l'imaginer ; mais si vous vous imaginez le Royaume de Dieu sous couleur d'une exhibition multiforme et ridicule de stupidités miraculeuses, vous devez vous attribuer à vous-mêmes si en l'un ou l'autre d'entre vous la venue du Royaume de Dieu souffre quelque retard. En effet le Royaume de Dieu n'a jamais été promis en de telles formes niaises et vaines ; mais en ce que vraiment il a été promis, en cela il est aussi facile à trouver ; or, nombreux sont ceux qui dans la recherche du Royaume de Dieu se comportent précisément comme quelque gros distrait qui est en train de chercher son propre chapeau alors qu'il le porte déjà sur la tête.

Les visions d'un régénéré sont toujours justes ; toutes les autres au contraire peuvent être justifiées, seulement lorsqu'un esprit régénéré les a dûment éclairées. En cette forme les choses sont vraies et sont à prendre en dû compte : mais tout autre genre de visions, de songes et de semblables moyens de prédire l'avenir sont absolument à écarter car tout cela est provoqué par cette mauvaise race déjà connue qui trouve d'innombrables occasions pour ramper sur la chair des hommes et pour enduire l'âme crédule à travers la chair de toutes sortes d'ordures.

Mais d'un côté, si personne ne doit attribuer d'importance à de semblables sottises, d'un autre coté, chacun doit prêter toute l'attention aux paroles de celui qui est vraiment régénéré dans l'esprit ; parce que celui-ci ne donne rien autre en dehors que ce qu'il reçoit, tandis que les autres donnent seulement ce qu'ils s'imaginent avoir ou créer par eux-mêmes.

Lorsque quelqu'un affirme avec arrogance et s'écrie : "Je le dis, et ceci est ma parole", à celui-là ne croyez pas, et si quelqu'un parle comme s'il parlait au Nom du Seigneur, mais le fait au contraire proprement pour sa gloire et son avantage, ne placez pas non plus en lui votre foi.

Mais à celui qui dit d'une manière désintéressée et sans ambition : "Ainsi parle le Seigneur !", à celui-là croyez, particulièrement quand la considération personnelle est laissée de côté, parce que le régénéré dans l'esprit ne connaît pas d'autre considération ni d'autre dignité que celle du Seigneur ; tous les hommes au contraire sont ses frères.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article