Dans le second enfer "Jacob Lorber"

Publié le par estaran

Dans le second enfer

1 : Savez-vous pourquoi les hommes obéissent sur la terre ? La réponse est aisée. Serait-ce par une haute considération à l’égard de la personne du souverain, Oh non ! Car on ne murmure pas secrètement contre celui que l’on vénère, et on le maudit encore moins, tandis que l’on se conduit souvent ainsi avec un souverain. Mais, si la considération n’est pas le mobile de l’obéissance, l’amour l’est encore moins.

Nous ne pouvons donc pas trouver ici une autre raison de l’obéissance que la crainte.

2 : Sur quoi est fondée la crainte ? D’abord sur notre propre impuissance ; ensuite sur l’autorité excessive du dirigeant et enfin sur le fait de savoir qu’à certaines occasions un monarque ne ménage pas la vie de ses sujets. Il n’y a pas lieu de se fier trop à l’homme qui dispose souvent de plus d’un million de moyens d’assassiner une personne comme une foule entière, et qui n’a de compte à rendre à qui que ce soit

. La colère d’un dirigeant peut signifier la mort de milliers de gens.

3 : En réfléchissant sur la question, telle qu’elle se présente, on se rend compte que

la peur de la mort est le principal motif de l’obéissance.

4 : Essayons d’imaginer un Etat dont tous les membres auraient passé par une seconde naissance et seraient spirituellement éveillés. Pour eux la mort ne revêtirait plus la même importance. Et le souverain devrait avoir recours à des moyens tout autres pour rester le dirigeant de cet état, et de son peuple.

5 : Et sur quoi se fonde la peur de la mort chez les hommes ? Je vous le dis : sur rien d’autre que sur le doute concernant l’existence d’une autre vie dans l’au-delà. Qui d’entre vous éprouve de l’angoisse en allant se coucher ? Et pourtant le sommeil est une mort périodique du corps. Pourquoi ne craint-on pas de dormir ? Parce qu’on possède la certitude fondée sur l’expérience qu’après avoir dormi on se réveillera à la même vie, bien que nouvelle par certains côtés. Si cette expérience journalière faisait défaut, chaque homme craindrait le sommeil comme il a peur de la mort du corps. Mais il existe des hommes sur terre qui croient que leur vie éphémère se termine au soir de chaque jour, et que le lendemain en se réveillant un autre habite leur corps que la veille !

6 : Cette pensée est issue de la croyance en la migration des âmes en laquelle croient certains peuples de l’Asie. Ces gens imaginent que leur âme passe journellement d’un animal à un autre, et ne reste l’hôte d’un homme qu’un jour tout au plus. Et si, pensent-ils, une autre âme venant à habiter un homme se souvient du passé, cela est dû à l’organisation du corps physique. La conséquence de cette philosophie est que les hommes éprouvent une peur affreuse devant le sommeil, car ils croient que pendant celui-ci leur ancienne âme s’échappe pour être remplacée par une nouvelle. C’est pourquoi ils cherchent à combattre le sommeil par toutes sortes de moyens. Si je vous en parle, c’est que cette attitude ressemble étrangement à celle des hommes qui redoutent la mort de leur corps.

7 : Si l’homme avait un esprit un tant soit peu éveillé, il se soucierait aussi peu de la perte de son corps que n’importe quel homme se soucie de son sommeil et le craint. Car l’expérience de l’esprit est la vie éternelle elle-même qui est indestructible ; et, de son côté l’âme sait par expérience que le corps livret au sommeil s’éveillera le lendemain, et elle ne redoute donc pas cet état.

8 : La crainte de la mort en tant que destruction complète de l’existence persistera en l’homme aussi longtemps que l’esprit qui habite son âme ne sera pas éveillé, ce qui entraînera une transformation radicale de sa conscience.

9 : Et ainsi ayant assimilé ces notions préliminaires, retournons à notre premier enfer. Dans celui-ci l’âme n’est plus qu’une sorte de polype ne pensant qu’à ses jouissances, par égoïsme pur et par amour de soi. Et parce qu’elle n’a plus la possibilité de contenter ses désirs, elle redoute constamment son anéantissement.

10 : Dans le second enfer, l’âme tourmentée par ses désirs insatisfaits s’est en quelque sorte ratatinée peu à peu, et cette méthode de la privation a eu pour effet de libérer légèrement l’esprit qui l’habite. Dans le meilleur des cas, assez rare, l’esprit reprend son indépendance, ne prête plus d’attention aux suggestions de l’âme, reprend des forces et s’élève petit à petit en entraînant l’âme à sa suite. Mais le plus souvent l’esprit s’éveille aussi, il est vrai, et se sentant extrêmement offensé et traumatisé de se voir négligé, il se met en colère et laisse germer en lui l’idée que par suie de l’injustice que Dieu lui fait subir, une compensation très importantes lui est due.

11 : Toutefois, plus l’esprit se fortifie dans cette idée, plus ses prétentions augmentent, et plus les propositions de réparations qui lui sont faites l’irritent.

12 : De cette exigence grandissante, qui a son origine dans l’insatisfaction, l’esprit qui s’éveille progressivement commence à nourrir un désir de vengeance et d’autosatisfaction. Et ce sentiment le pousse insensiblement à devenir un contempteur de Dieu, c’est-à-dire un démon. En même temps il prend conscience de son indestructibilité et se conforte avec l’idée qu’il peut augmenter et développer à l’infini ses exigences. Ce sentiment fait naître en lui la pensée satanique que Dieu craint la puissance grandissante de tels esprits, et se dissimule pour cette raison, en chargeant des esprits rapporteurs faibles et timorés de les espionner secrètement. Ils s’imaginent intimider la divinité, croyant qu’elle se retire de plus en plus parce qu’elle cherche à se préserver de l’attaque puissante de ces esprits forts.

13 : Cette idée ne faisant que croître et embellir, l’amour propre de ces esprits ne cesse de se développer ainsi que leur désir de se venger de l’astuce supposée de la divinité. Et naturellement ils commencent à haïr formellement Dieu, à le mépriser, à le prendre en horreur, tout en se considérant comme des êtres très supérieurs.

14 : Si ce cas se présente, le troisième enfer est réalisé. La manière dont celui-ci se forme doit-être observé par nos élèves sur le chemin de la providence divine protectrice. Ils doivent ensuite apprendre à reconnaître la véritable origine du vice dans l’enfer le plus bas, par l’expérience. La suite montrera comment ils explorent le fondement du véritable péché dans cet enfer, le plus redoutable des trois.

Publié dans L'ENFER

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